Le Directeur de SIKNO nous parle de ce qu’implique le fait pour l’entreprise d’être membre certifié du Responsible Jewellery Council et tout le travail qui a été nécessaire pour obtenir cette certification si attendue.
Quel contexte favorise une politique propre de responsabilité Sociale d’Entreprise (RSE) pour le secteur de la joaillerie?
Le secteur de la joaillerie est en soi un secteur compliqué au niveau environnemental, éthique et social car il implique l’extraction de métaux et de minéraux dans des pays en voie de développement, donnant lieu à une éventuelle contamination des mines, si ne sont pas employés les processus appropriés, à l’utilisation de diamants pour financer des conflits armés, à une exploitation, au travail des enfants, etc.
C’est la raison pour laquelle la joaillerie mondiale a élevé la voix et a créé une politique de RSE, propre à la joaillerie. RJC (Responsible Jewellery Council) est un outil qui nous permet la collaboration avec de nouveaux clients qui demandent cette certification et qui, sans elle, ne serait pas possible. Dans le secteur actuel de la joaillerie, il est essentiel que les entreprises soient réellement engagées avec la durabilité et l’environnement. Dans le cas contraire, elles seraient pratiquement hors du marché et leur croissance serait beaucoup plus difficile.
Le nom de l’accréditation est COP ?
Exactement, la certification RJC englobe deux accréditations, une obligatoire pour tous les membres, la COP, qui implique de respecter la presque totalité des 200 exigences que nous applique le Code de bonnes pratiques du RJC, de laquelle nous sommes certifiés ; et une accréditation volontaire CoC (chaîne de traçabilité) qui consiste en un contrôle exhaustif de la chaîne d’approvisionnement des métaux précieux.
Que signifie pour SIKNO d’avoir obtenu cette accréditation (aussi bien au niveau de l’entreprise qu’au niveau de la réputation) ?
Cette accréditation permet de montrer l’engagement social, éthique et environnemental que Sikno acquiert sur le marché, en créant de la valeur ajoutée à ses produits pour satisfaire les besoins de plus en plus durables de ses clients et en partageant avec tous ses partenaires commerciaux (clients, fournisseurs, sous-traitants…) ses pratiques durables, favorisant ainsi le changement dans toute la chaîne d’approvisionnement.
Elle nous met dans une situation d’avantage compétitif par rapport aux autres fabricants européens, nous ouvre des portes, un chemin nouveau auquel nous pouvons maintenant accéder, et nous facilite énormément les démarches administratives avec nos nouveaux clients.
Au niveau de la réputation, nous sommes devenus une référence dans la fabrication joaillière. Nous avons actuellement une convention de collaboration avec l’Université d’Estrémadure pour la recherche de nouveaux processus de réutilisation de produits qui n’ont pas une seconde vie utile. Sans aucun doute, une joaillerie plus éthique et responsable est possible si tous ceux qui composent le secteur s’unissent à l’aventure. SIKNO a fait un premier pas vers le changement, gagnant un avantage compétitif face aux autres entreprises semblables du secteur.
Combien de temps a duré l’audit et combien de départements étaient-ils concernés ?
L’audit a duré quatre longues journées mais l’implantation de ce système durable est une forme d’activité sans fin. Nous devrons régulièrement passer des audits de révision afin de vérifier que nous n’avons pas cesser de répondre aux standards du COP.
En plus de la formation continue et exigeante des employés, nécessaire à l’implantation, durant l’audit ont été abordés tous les piliers qu’englobe le RJC, RH, Environnement, Opérations, Achats, Ventes, Juridique, Financier et PRP, qui ont permis de garantir que nous respectons strictement le Code des Pratiques COP.
Cette certification n’affecte pas uniquement le processus de production et la traçabilité des matériaux, il s’agit d’une certification globale qui affecte tous les départements de la compagnie, une forme de gestion durable qui implique tous les départements qui composent Sikno.
Quels processus de transformation avez-vous dû implanter pour obtenir la certification ?
L’accréditation RJC englobe toute la chaîne d’approvisionnement, c’est-à-dire depuis l’extraction du métal, de la pierre ou du diamant, jusqu’à la vente à notre client. Il a donc fallu élaborer des politiques et de strictes procédures, élevées au plus haut niveau de l’organisation, et les implanter pour avoir un contrôle total aussi bien interne qu’avec nos fournisseurs, sous-traitants et clients.
Nos relations commerciales ont été analysées et les risques évalués afin de garantir l’origine de toutes les matières premières avec lesquelles nous travaillons, aussi bien les nôtres que celles de nos fournisseurs, et que les processus productifs, aussi bien nôtres que ceux de nos partenaires commerciaux, répondent aux standards COP du RJC. Un point important qu’il a fallu renforcer a été la formation des employés de tous niveaux. Sans formation, il n’y a pas de place pour le changement.
S’agit-il d’une manière de comprendre l’entreprise comme en continuelle évolution ou, au contraire, avez-vous atteint l’objectif fixé et ne va-t-il plus y avoir de changements dans vos processus de production ?
L’évolution et l’amélioration continue est un facteur clé pour Sikno, cette certification est donc la première étape vers un changement culturel, social, environnemental et éthique continu, tourné vers les ODS, C’est pourquoi, nous continuerons de travailler pour atteindre de nouveaux objectifs, notre objectif le plus immédiat étant l’obtention de l’accréditation CoC, de la certification RJC, entre autres.
Cette certification a-t-elle un impact uniquement sur SIKNO ou, au contraire, affecte-elle ses fournisseurs, d’autres fabricants avec lesquels vous collaborez, etc. ?
Comme nous l’avons dit précédemment, cette certification englobe toute la chaîne d’approvisionnement. La certification affecte donc les fournisseurs, les clients et les sous-traitants avec lesquels nous travaillons. Il est important que tous adhèrent à nos politiques ou que les leurs soient en adéquation avec le COP du RJC pour pouvoir créer des relations commerciales. C’est le seul moyen d’aller tous ensemble vers un futur et une industrie plus responsable et éthique.
Actuellement, l’Espagne est la deuxième puissance en termes de fabrication de bijoux en Europe. Des presque deux mille quatre cents entreprises espagnoles de joaillerie, Sikno se trouve parmi les neufs seules possédant cette certification. Cela est très important car de plus en plus de marques misent sur les entreprises comme la nôtre pour la qualité de fabrication, la rapidité d’approvisionnement et les certifications que nous possédons.
Partant de cela, comment voyez-vous l’avenir de la marque ?
La pandémie a marqué, sans aucun doute, un tournant au niveau mondial et dans la joaillerie en particulier, car il s’agit d’un secteur de luxe et non de première nécessité. Avec l’obtention de cette certification de RSE (RJC), nous souhaitons que Sikno se positionne, dans un futur proche, comme une référence dans la fabrication de bijoux durables et de qualité au niveau européen, en développant son activité vers une augmentation des ventes et des clients, oubliant ainsi les temps plus difficiles vécus durant la crise sanitaire.